En bref; Une chasse très profonde en poids variable. Un scénario et un équipement réglé au détail.
En précisant les choses, c’est une chasse à l’agachon, posé sur le fond dans une détente absolue, grâce à une descente sans effort assistée par un poids. C’est comme cela que les temps d’apnée pourront augmenter, malgré les grandes profondeurs.
Aujourd’hui, un petit artisan Italien a trouvé la recette de la potion magique! Une solution qui regroupe les avantages des différentes méthodes de poids variable, le Yellow Budy.
Libéré, une journée au club des 3. Toutes les apnées du jour dépasseront les 3min et 30m.
Solution oui, mais la condition physique est là. Florian, @Spearflo971, 35 ans, pêcheur depuis toujours et investi dans la chasse sous-marine profonde depuis quelques années n’en est pas arrivé là par hasard.
Une progression classique pendant quelques années jusqu’au stage en école d’apnée où il se « débloque ». Il apprend la technique respiratoire de « la carpe » plutôt réservée aux apnéistes de compétition. Et ressent pour la première fois cette sensation de bien être en passant les 30/40m sur atelier.
De retour sur son terrain de chasse, l’objectif à changé. Comment lier chasse et apnée profonde?
L’idée du poids variable émerge peu à peu.
Dès les premières descentes, grosse surprise ! La descente est rapide ! À 1m/sec, sans besoin de palmer, l’agachon commence sans le moindre effort et ressemble à une apnée statique. Les temps d’apnée s’allongent et les sensations changent. La facilité à descendre laisse à croire que la remontée sera tout aussi facile et agréable quand on est habitué au poids constant. En réalité, l’effort de remontée devient plus difficile, et cela, sur la fin d’apnée ; c’est le moment où le taux d’oxygène est le plus bas, à une profondeur où les poumons sont totalement vide par la pression et le temps d’efforts augmente proportionnellement à la profondeur.
Dans la pratique, cela se traduit par un dynamique de 45sec a lancer après 2’30 à 3′ de statique, le tout en poumon vide. C’est risqué.
Cette demande forte en oxygène au moment où le corps en possède le moins est le meilleur moyen de syncoper ! Tout cela dans un scénario d’apnée sans aucune perturbation…
Viens à ça se rajouter la gestion de tout événement stressant pouvant arriver à cette profondeur ; tir d’un poisson, palme bloquée dans le corail, requins ou murènes surprise !
Pour redécouvrir sa zone aux profondeurs jusqu’à présent inaccessible Florian s’est alors progressivement habitué à la pression, au stress généré par le tir d’un poisson ou autre rencontre de l’océan pendant plusieurs mois sur les 30 à 40m.
Poids variable, quelle est la meilleure solution ?
Pour commencer et reproduire le schéma d’un atelier en club d’apnée, il a utilisé un plomb de 8kg relié à une bouée par un bout de 30m. Avec une mobilité très pratique, le placement pour les agachons était assuré. La descente accompagnée jusqu’à 30m était confortable, mais la remontée du plomb a la main est devenue problématique. Sur la journée en mer, l’épuisement arrivait à cause de la remontée du plomb et non pas des apnées.
Pour palier à ça, il s’est équipé d’un treuil électrique, monté sur le bateau qui permettait une descente jusqu’au fond et une remontée totalement assurée par le treuil. Plus aucune fatigue ne se faisait ressentir, mais une contrainte persistait dans la mobilité et dans la détente. Avec les vagues, la proximité du bateau et les risques liés au choc avec le moteur ou les fusils sont devenus source de stress. La dérive du bateau était également dirigée par le courant qui imposait alors les points de plongée.
Un compromis lui a donc été suggéré ; utiliser la bouée avec le plomb de 8kg, mais uniquement sur un bout d’environ 15m. L’effort de surface serait donc assuré par le plomb et la descente jusqu’au fond en freefall. La remontée du plomb reste modérée par cette longueur de bout.
Ça fonctionne, mais, soucieux du détail, ce n’était pas parfait aux yeux de Florian. Les descentes, commençant à tendre vers les 40m en freefall, n’étaient pas assez rapides. Les remontées du plomb, bien que plus faciles, restent un effort pendant la récupération qui se ressent au fil des plongées sur la journée.
La solution est alors proposée par un artisan dans la chasse sous-marine; le Yellow Budy. Une bouée qui intègre; batterie et treuil avec 50m de fil disponible pour se lancer vers le fond avec le boulet et le ramener en surface par un simple bouton.
Libéré, pour Florian, c’est l’outil parfait. Sans aucune perte en mobilité, ni aucune fatigue générée par les remontées, tous ces avantages lui ont permis d’allonger encore un peu les agachons, à plus de 40m, et cela, toute la journée.
De son côté, Florian répète toujours les mêmes gestes. Depuis plusieurs mois, chaque sortie en mer, aussi différente soient-elles, est un apprentissage pour la mémoire musculaire.
On sait que le cerveau est l’organe qui consomme le plus d’oxygène. Il faut donc intégrer et automatiser tous les gestes de la préparation ventilatoire, de la plongée entière, jusqu’au retour en surface, incluant la récupération.
Une fois le point de plongée trouvé, il lance la préparation en surface, s’abandonnant totalement à la mer. Tous les éléments extérieurs sont gérés par le binôme de sécurité. C’est à ce moment qu’il rentre dans sa plongée. On pourrait parler de méditation; prendre conscience de son corps pour le relâcher, maîtriser sa respiration pour la ralentir et ainsi ralentir son rythme cardiaque guidé par les expirations, se laisser partir dans un relâchement absolu.
C’est à ce moment que la mémoire musculaire intervient; aucun besoin de réfléchir, il sait déjà quoi faire comme il l’avait toujours su ! Mouvement respiratoire, pré-compensation de surface, inspiration totale finie par une vingtaine de carpes, tuba lâché, déclenchement du poids largable! C’est parti, il n’est plus là.
Sans réellement savoir où il va, il commence à descendre dans le bleu en acceptant les incertitudes qui s’éveillent au fil des mètres. Placement, courant, poisson, profondeur exacte, caméra, etc… Toute cette phase d’analyse, quelles que soient les réponses apportées ne sont qu’un souvenir.
C’est le moment. Dans un relâchement absolu, la descente s’accélère de plus en plus, la pression augmente, la lumière diminue et les compensations s’enchaînent. Il oublie alors tout ce qui l’entoure, fusil en main, profitant quelques secondes de cette sensation particulière, aussi effrayante qu’enivrante, être aspiré par le fond. Au cours de la descente, un rappel d’air vers la bouche qui permettra une compensation malgré les poumons vides lui est rappelé par sa montre, une courte vibration paramétrée à 17m.
Une deuxième vibration à 35m vient lui faire reprendre conscience pour un regard sans conviction. Une simple confirmation avant d’atteindre le fond, sans réelle analyse. Le coup d’oeil servira à estimer la profondeur exacte pour entamer l’atterrissage sur le fond en douceur et le placement par rapport au corail.
C’est parfois à ce moment là qu’il faut reprendre conscience plus vite pour profiter d’un poisson très curieux qui aura suivi la descente.
Arrivé au fond sur 45m, la sensation de bien-être est là. Après des mois d’adaptation, la cage thoracique assouplie et le diaphragme relâché, la pression impose la modestie, on ne peut que s’y soumettre.
L’agachon commence à durer, pas de poisson à l’horizon. C’est à ce moment précis que l’entraînement et la connaissance de cette pratique comme de son corps est nécessaire. Par cette profondeur, la remontée doit être lancée avec une grande anticipation. Poumon vide, il va falloir lancer un dynamique de 45m pour environ 45 secondes. Avec l’utilisation du point variable, on se laisserait croire que la remontée se fera toute seule en détente. Attendre une contraction comme elle peut arriver beaucoup plus tôt en poids constant, c’est la syncope assurée.
Cette grande détente fait passer cette agachon pour une apnée statique. La consommation d’oxygène est donc très ralentie, le manque se fait sentir bien plus lentement. En allongeant le temps d’apnée, le départ vers la surface va demander une grande quantité d’oxygène et c’est là que les mois de pratique de Florian interviennent. La répétition de ce scénario a appris à son corps à lancer les premiers signaux d’alerte de fin d’apnée, beaucoup plus tôt dans la plongée ! C’est alors contre-productif. Parler d’agachon dépassant les 3min à 35 ou 45m en augmentant la marge de sécurité. Et pourtant non.
Une fois que son corps s’est adapté à la surpression pulmonaire en surface comme à la réduction à vide au fond, qu’il a décalé ses signaux d’alerte, qu’il s’est habitué à lancer un palmage forcé en poumon vide pour le relâcher au fil de la remontée, il va falloir parler poisson, autrement dit, les problèmes !
Les réactions des poissons à cette profondeur peuvent être très différentes. Florian rencontrera souvent des poissons assez curieux mais ses préférés, les » grosses bêtes », sardes de plus de 6kg, ont déjà bien vécu et savent à quoi s’attendre en voyant un plongeur. Il devra alors se plaquer sur le fond, lever une poignée de sable, ou lancer une poursuite en gardant en tête la distance à effectuer pour la remontée ! Néanmoins, grâce à cette profondeur agrandie le terrain de chasse et permet de s’aventurer sur de nouvelles zones moins fréquentées où le poisson est plus présent et plus curieux. Les gros mâles capitaines territoriaux viendront tourner et relever leur crête dorsale devant la flèche, ce qui reste un spectacle magique à chaque fois.
Équipé de palmes au verso blanc, il est plus facilement suivi des yeux depuis la surface. Au premier mouvement de palme dans une direction, on sait qu’il a vu quelque chose. Dans tous les cas, le binôme de sécurité est vital. Il prend alors son air pour le rejoindre sur une quinzaine de mètres afin d’assurer ou d’assister la remontée de Florian. La vérification du matériel est entrée dans sa préparation. Une palme abîmée ou un moulinet bloqué sont impardonnables à cette profondeur. Pour l’accompagner au fond, Florian a choisi un double roller surboosté de sandows pour compenser la perte de puissance due à la grande profondeur. Configuré en 8.75mm, cette grosse flèche génère bien plus de force à l’impact et augmente les chances de tuer net le poisson. Un poisson blessé qui irait se mettre à trou devient un vrai problème à plus de 40m!
Sa motivation est aujourd’hui alimentée par un objectif; l’action parfaite. La capture d’un gros poisson, sous les 30m, tué net, à la fin d’une belle agachon.
La détente procurée par la descente et couronnée par le relâchement qu’impose la pression au fond, mêlant des sensations d’apnée pure au plaisir de la chasse, jusqu’à l’arrivée d’un gros capitaine ou d’une grosse sarde dépassant les 6kg, sont les conditions à réunir à ses yeux. La perfection ne peut qu’être atteinte par la flèche. Toucher le poisson dans une zone vitale pour ne laisser aucune place au stress ou à la souffrance. Tué sur le coup, sa chaire n’en sera que plus tendre à déguster.
Cette action parfaite lui procure la satisfaction d’avoir mérité ce poisson. C’est l’aboutissement de la condition physique et de tous les moyens techniques misent en oeuvre et maîtrisé pour profiter de la chaire fine et du petit gras délicieux de ces gros poissons.